LE RÉCIT D’UNE RÉSILIENCE
Lionel-Pierre Rossini, né en 1968 en Corée du Sud
d’une mère coréenne et d’un père militaire afroaméricain,
incarne l’histoire bouleversante des
enfants métis rejetés par la société coréenne des
années 1960.
Dans une Corée marquée par des lois racistes
et l’exclusion des enfants nés de relations
interraciales, ces derniers étaient souvent envoyés
à l’étranger via des adoptions internationales. Sous
la présidence de Lee Seung-Man, la politique
discriminatoire à l’égard des métis s’est intensifiée,
laissant des milliers d’enfants dans une situation
de marginalisation extrême.Lionel-Pierre, alors âgé
de six ans, et sa soeur cadette, âgée de seulement
18 mois, furent adoptés par une famille suisse. Ce
qui aurait dû être une nouvelle vie prometteuse
s’est transformé en cauchemar. Ils ont subi des
abus de la part de leurs parents adoptifs, une
épreuve qui aurait pu briser leur avenir. Pourtant,
Lionel-Pierre a fait preuve d’une résilience et d’une
détermination extraordinaires. Malgré une enfance
marquée par les traumatismes, Lionel-Pierre s’est
fixé des objectifs ambitieux et les a atteints avec
brio. Diplômé en 1993 d’une maîtrise en sciences
politiques, il a ensuite servi comme officier dans
l’armée suisse, avant de bâtir une carrière réussie
en tant qu’expert en matières premières à Genève.
Pour surmonter les blessures de son passé, il s’est
investi dans les arts martiaux et la boxe, forgeant
une discipline et une force intérieure qui l’ont aidé
à aller de l’avant. Aujourd’hui, il mène une vie
épanouissante en Suisse, entouré de ses deux
enfants.
En 1990, après des années de recherches
inlassables, la mère biologique de Lionel-Pierre
parvint à retrouver sa trace. Deux ans après avoir
confié ses enfants à l’adoption, elle était devenue
citoyenne américaine. Ce n’est qu’après 16 années
de séparation que Lionel-Pierre et sa soeur ont pu
enfin revoir leur mère. Ces retrouvailles, empreintes
d’émotion, ont marqué un tournant dans leur vie.
Depuis, ils entretiennent une relation proche, leur
mère leur rendant régulièrement visite à Genève.
Malgré son bonheur retrouvé, Lionel-Pierre garde
en lui une incompréhension profonde envers la
société coréenne, encore marquée par le racisme
et l’exclusion qui ont dicté les premières années de
sa vie. Dans son livre, «Une adoption pour rien», il
retrace son histoire et dénonce les injustices dont
il a été victime.
En 2025, Lionel-Pierre prévoit de franchir une
nouvelle étape dans sa quête de réconciliation
avec son passé. Il entreprendra deux projets en
Corée du Sud : retrouver son demi-frère Eddy, dont
il a perdu la trace, et rencontrer pour la première
fois son oncle, qui avait refusé tout contact avec lui
pendant plus de 40 ans. Ces moments promettent
d’être riches en émotions et marqueront une étape
importante dans son cheminement personnel.